Difficultés de trésorerie : les 10 erreurs à éviter
- Publié le 15 octobre 2019
- Avis d'expert
Face à un problème de trésorerie, le responsable financier peut céder à certains réflexes qui exposent la société et son dirigeant. Découvrez les 10 erreurs que nous retrouvons chez la majorité de nos clients et nos conseils pour les éviter.
1 – Malmener ses fournisseurs
Les fournisseurs stratégiques et relations de longue date de l’entreprise sont souvent les premiers malmenés lors de problème de trésorerie. Les délais de paiements s’allongent, toutes les raisons sont bonnes : envois de chèques à la troisième relance, vacances du responsable financier …
Malmener ses fournisseurs, c’est oublier le rôle essentiel du fournisseur dans la chaîne de valeur de l’entreprise : il peut refuser de livrer, bloquer la production, grever le chiffre d’affaires et surtout il est l’interlocuteur des assureurs crédit qui après un cumul d’informations convergentes négatives vont réduire les encours d’assurance crédit.
2 – Ne pas payer les charges salariales ou « précompte »
Le versement des cotisations salariales est obligatoire pour tout employeur, qui retient la contribution salariale sur les rémunérations lors de chaque paie et la reverse. En cas de défaut, l’intention frauduleuse n’est pas recherchée, le délit est constitué alors que le non-paiement de la part patronale est toléré. Il est préférable alors de constituer un dossier afin de demander des délais de paiement à la CCSF (La Commission des Chefs de Services financiers).
3 – Sous-évaluer ses déclarations de TVA
Avoir des difficultés de trésorerie ne peut constituer un motif pour sous évaluer ses déclarations de TVA, cela reste une action frauduleuse.
Par contre, il est possible de déclarer de manière conforme la TVA en demandant un “gel” avec délais de paiement à son Service Local des Impôts des Entreprises (SIE) soit éventuellement au CCSF au même titre que les charges salariales évoquées plus haut.
> En savoir plus sur le rôle du CCSF dans les délais de paiement des dettes sociales et fiscales des entreprises en difficulté
4 – Décaler le paiement des salaires
Les problèmes de trésorerie ne peuvent être un motif légitime pour décaler de façon significative le paiement des salaires. Au-delà des problèmes légaux que cela pose, décaler le paiement des salaires risque de dégrader fortement le climat social de l’entreprise, avec un risque de démotivation certaine des employés, une augmentation de l’absentéisme et d’éventuels conflits sociaux qui ne feront qu’aggraver la situation financière de l’entreprise.
L’entreprise doit donc prioritairement s’assurer que les salaires ainsi que les charges salariales associées sont en mesure d’être payées chaque mois.
Les salariés constituent les forces vives et nécessaires de l’entreprise il paraît impensable de ne pas privilégier le paiement de leur salaire.
5 – Ne plus communiquer avec son commissaire aux comptes
Ne plus communiquer avec son commissaire aux comptes est une erreur fréquente, alors que ce dernier a une mission permanente de vérification de la continuité d’exploitation.
La procédure d’alerte et la certification des comptes sont 2 obligations différentes conduites parallèlement et parfois simultanément par le CAC.
Le commissaire aux comptes peut lancer une procédure d’alerte afin d’alerter tous les partenaires de l’entreprise, du dirigeant aux actionnaires en passant par le Comité d’entreprise et le Président du Tribunal de Commerce sur les difficultés de l’entreprise.
Le Commissaire aux comptes a également la possibilité de refuser de certifier les comptes en cas d’incertitude significative, définie lorsque que la continuité d’activité dépend de la réalisation de certaines conditions (obtention de lignes de crédit, de commandes importantes, …).
Le dirigeant a donc grand intérêt à communiquer avec son commissaire aux comptes dès les premiers signes de fragilité financière. En effet, la résolution des premières difficultés de l’entreprise étant intimement liée à la confidentialité vis à vis des salariés, des fournisseurs et des partenaires financiers, il paraît préférable de transmettre une information qualifiée à son commissaire aux comptes plutôt que de devoir ensuite gérer les effets collatéraux d’une communication mal maîtrisée auprès de l’écosystème local.
6 – Ne pas répondre aux appels de son banquier
Le banquier est un interlocuteur privilégié, il est témoin des lignes de crédit utilisées tous les jours de l’année et non plus aux seules périodes d’approvisionnement, des saisies URSSAF, des rejets de paiement.
Le banquier doit être associé aux projets de l’entreprise quand bien même ce serait un projet de restructuration.
7 – S’imaginer que ses salariés ne sont pas informés des tensions de trésorerie
Les salariés affectés au dépôt logistique, à la réception des marchandises ou au paiement des fournisseurs connaissent parfaitement la santé financière de l’entreprise.
8 – Rester dans la croyance de la capacité de « se refaire » (cession d’actifs imminente et surestimée, nouveaux contrats, etc.)
En cas de problème de trésorerie, les dirigeants attendent la commande qui va les sauver ou l’opération financière qui les renflouera. L’optimisme est un des moteurs de l’entrepreneur mais ne doit pas se transformer en un déni des difficultés financières.
9 – Préférer le « statut quo » sous prétexte de cautions personnelles
Quand les difficultés sont gérées très en amont avec transparence, les cautions personnelles peuvent être gelées, il y a donc un vrai intérêt à utiliser les procédures de prévention afin de ne pas exposer inutilement le dirigeant.
10 – S’isoler, ne pas s’entourer de bons professionnels
Quand l’entreprise rencontre des difficultés, le dirigeant s’isole alors que la constitution, autour de lui, d’une équipe de crise, permet de faire face à tous les sujets dans des délais très courts.
Cette équipe est constituée d’un avocat spécialisé, d’un spécialiste du financement de crise et éventuellement d’un administrateur judiciaire agissant en tant que mandataire ad hoc ou conciliateur. Elle a pour objectif de conseiller au mieux le dirigeant sur les décisions urgentes à prendre, lui dégageant ainsi du temps pour réfléchir à sa stratégie long terme et ses relations commerciales.